L'histoire d'une rumeur
Le retour de la vignette, c'était tout simplement le poisson d'avril de l'hebdomadaire d'extrême-droite Minute. Le 1er avril, le journal écrivait en « une » : « Ce devait être annoncé après les européennes - Nicolas Sarkozy rétablit la vignette automobile ! »
Après tout, rétablir la vignette permettrait d'atténuer le déficit public. Nicolas Sarkozy aurait longtemps hésité, mais le lundi 5 mars, il aurait donné son accord à la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.
L'annonce officielle serait faite après les européennes, pour ne pas perdre de voix, et juste avant les vacances, pour que les automobilistes l'oublient une fois partis au soleil.
L'article circule sur le web, diffusé en toute innocence par des internautes ignorant son origine. Sur le forum de Hoaxbuster, on note rapidement que plusieurs détails ne collent pas. Comme la date de la réunion : cette année, le 5 mars tombait un jeudi, pas un lundi.
Mais début mai, La Voix du Luxembourg annonce à son tour le retour de la vignette :
« Chut, c'est un secret. Bon, je vous le dis mais vous me promettez de ne pas le répéter. Du moins, pas avant les élections européennes. »
Le journal luxembourgeois semble bien informé : « Il est plus que vraisemblable que la vignette automobile sera rétablie en France dès le 1er janvier 2010. (…) Jean-Louis Borloo aurait obtenu que les véhicules propres soient exemptés. Du moins ceux achetés avant le 1er juin 2009. Le texte devrait être promulgué lors de la deuxième quinzaine de juin. »
La rumeur reprend donc de plus belle sur le web. Le retour de la vignette semble ainsi certain sur LePost.fr, et un lecteur d'Eco89 l'annonce dans un de ses commentaires.
Contacté par Eco89, le cabinet de Christine Lagarde « dément totalement » :
« Il n'y a aucun projet de rétablissement de la vignette, ni avant, ni pendant, ni après les élections. »
Le malus annuel, une nouvelle vignette ?
Le malus écologique, créé après le Grenelle de l'environnement, fait pourtant craindre à certains automobilistes le retour de la vignette, sous une forme déguisée. Au départ, pourtant, peu de ressemblances.
Dans sa version initiale, le malus appliqué aux voitures les plus polluantes n'est pas une taxe annuelle. Il est versé une fois pour toutes lors de l'immatriculation, en complément de la taxe sur la carte grise.
Mais en décembre, le gouvernement et le Parlement ont enrichi le Code des impôts d'un nouvel article. Ils ont créé un second malus, annuel cette fois-ci, et se rapprochant donc un peu plus de la vignette.
Cette taxe concerne tous les véhicules dégageant plus de 250 grammes de CO2 par kilomètre. Chaque année, les propriétaires devront verser 160 euros, qui s'ajouteront au malus versé lors de l'immatriculation.
Ce malus annuel peut-il pour autant être comparé à la vignette ? Il ne s'applique pas à toutes les voitures, juste à la minorité la plus polluante. Et les automobilistes ne s'acquitteront pas de cet impôt en achetant au tabac du coin un macaron à coller sur leur pare-brise.
Deux députés ont tenté de rétablir ce mode de paiement. En décembre, Gilles Carrez (UMP) et Charles de Courson (Nouveau Centre) ont proposé le retour à la vignette autocollante dans un amendement accepté par la commission des Finances de l'Assemblée, mais rejeté par le gouvernement.
Comme le précise le Code des impôts, le malus annuel sera en fait perçu directement par le fisc, à partir des données récoltées par les préfectures lors des immatriculations. Assez loin, donc, de cette vignette qui alimente encore beaucoup de rumeurs.