Le paradoxe africain
par Alain Antil
La population de l’Afrique subsaharienne connaît aujourd’hui une augmentation rapide, malgré une baisse de la fécondité et une chute de l’espérance de vie liée à la progression du sida dans certains pays.
De 6,5 milliards d’individus aujourd’hui à 9 ou 11 milliards en 2050… La population mondiale va fortement augmenter d’ici à 2050. Mais 99 % de cette croissance concernera les pays en développement, et tout spécialement l’Afrique subsaharienne, qui verra sa population plus que doubler sur la période. Selon le Population Reference Bureau, un organisme américain de recherche démographique (1), l’Afrique au sud du Sahara compterait actuellement 767 millions d’individus, contre 1 150 en 2025 et 1 750 en 2050. Les experts du Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) estiment quant à eux que ce chiffre pourrait atteindre 1 940 millions de personnes en 2050.
Pourtant, cette forte expansion démographique se réalisera en dépit d’une baisse de la fécondité aujourd’hui largement amorcée : en Afrique subsaharienne, la fécondité moyenne avoisine déjà les 5,1 enfants par femme.
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Consommation d’énergie : Le paradoxe africain
L’Institut français du pétrole (Ifp) a organisé en novembre 2007 à Dakar, pendant trois jours, le sixième "Sommet de l’énergie et du développement durable en Afrique" avec la volonté de dynamiser l’implication d’experts africains dans la recherche et le développement des nouvelles technologies de valorisation des énergies renouvelables.
L’Afrique vit un paradoxe. Alors qu’elle produit beaucoup d’énergie, elle n’en consomme que peu. Ce qui lui cause un lourd handicap pour son développement économique et social. L’Institut français du pétrole (Ifp) veut inverser la tendance.
Le continent africain est bien pourvu en ressources énergétiques. Ses réserves prouvées de gaz le mettent en position de devenir l’un des principaux fournisseurs mondiaux. Ainsi, le Nigeria détient les plus importantes réserves du continent et les septièmes dans le monde, avec 5 milliards de mètres cubes, suivi de près par l’Algérie avec 4,6 milliards de mètres cubes. D’autres pays, comme la Libye ou l’Angola disposent aussi de réserves significatives de productions de gaz associées à celles du pétrole. Malgré cette richesse, le continent vit un véritable paradoxe. Alors qu’elle en produit beaucoup, l’Afrique ne consomme que la part congrue de cette énergie. Un contraste qui constitue un lourd handicap pour son développement économique et social.
En procédant à l’ouverture officielle de ce 6ème Sommet international, le ministre de l’Energie du Sénégal, M. Samuel Sarr a replacé la rencontre dans son contexte marqué par le troisième choc pétrolier mondial. Mais celui-ci, contrairement aux précédents, se caractérise par une durée plus longue. De ce fait, la flambée continue des prix du pétrole constitue un lourd fardeau pour les économies africaines déjà fragilisées. Les organisateurs de cette rencontre, comme M. Jean Pierre Favennec, comptent favoriser la consommation d’énergie pour réduire la pauvreté, tout en respectant l’environnement et en économisant les ressources.
L’Afrique doit donc déployer le maximum d’efforts pour participer au travail de recherche et de développement de ces nouvelles technologies.
Il s’agit aussi pour ces chercheurs de participer au relèvement du taux d’accès des populations africaines à l’électricité, de 8 % actuellement, pour atteindre rapidement des proportions plus raisonnables. Car, sur le 1,5 milliard d’hommes qui n’ont pas encore accès à l’électricité, une part importante vit en Afrique.
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LE PARADOXE AFRICAIN
L'Union européenne vient d'adopter son plan climat. Il doit, parmi les 20 % d'énergies renouvelables préconisés pour 2020, faire la part belle au solaire. Paradoxe : l'Afrique est le continent le plus ensoleillé, mais... presque sans énergie solaire.
Avec un ensoleillement quotidien moyen compris entre 5 et 7 kWh par m², l'Afrique est dans une situation exceptionnelle : seuls le nord de l'Australie, le nord du Chili et la péninsule arabique ont un potentiel équivalent ou supérieur. Or elle est quasiment invisible dans les statistiques sur la production solaire mondiale. Pourtant, les besoins sont énormes, et le retard en électrification est criant : en Afrique sub-saharienne, seule une personne sur quatre a accès à l'électricité
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Le paradoxe africain
Les drogues ne se trouvent pas en quantité suffisante en Afrique, affirme l’Organe international de contrôle des stupéfiants. Alors que l’usage illicite des drogues progresse, les produits à usage médical pour réduire la douleur y sont beaucoup trop peu accessibles.
Les pays en développement qui comptent environ 80% de la population mondiale ne consomment que 6% de la morphine utilisée comme traitement de la douleur dans le monde.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère pourtant la morphine comme un médicament essentiel pour la prise en charge médicalisée de la douleur et notamment des patients atteints du sida.
Dans son dernier rapport annuel l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) rappelle que son rôle est de lutter contre l’abus des drogues mais aussi de veiller à satisfaire de manière efficace les besoins médicaux en stupéfiants à l’échelle mondiale. Et là se situe bien le paradoxe africain. Les drogues illicites se développent en Afrique tandis que les hôpitaux manquent cruellement de produits pour alléger la douleur des malades.
Le cannabis est la drogue la plus cultivée en Afrique, celle qui fait l’objet du plus grand trafic et c’est aussi la plus consommée. Le rapport 2003 de l’OICS souligne que le Maroc est l’un des principaux producteurs de cannabis et que 60% à 70% de la résine de cannabis saisie en Europe en provient. Dans certaines régions du Soudan on assiste à un abandon des cultures vivrières pour se mettre à l’exploitation du cannabis, plus rentable pour quelques uns mais aggravant les pénuries alimentaires pour la majorité.
L’abus des amphétamines est un phénomène préoccupant en Afrique australe, surtout en Afrique du sud, mais aussi désormais en Afrique de l’Est et de l’Ouest. L’Angola, le Nigeria et l’Afrique du Sud, qui se situent sur les routes de trafic des opiacés et de la cocaïne, voient également progresser l’usage de ces drogues. En revanche, la culture du pavot serait en baisse sur le continent africain. L’OICS met en garde contre l’utilisation du profit tiré du trafic de drogues à l’achat d’armes et de munitions par des groupes rebelles et des organisations criminelles dans des pays en conflits comme la République centrafricaine, la Côte d’Ivoire et le Liberia.
Pauvreté et anti-douleurs
Pendant ce temps, 32 pays africains ne consomment pratiquement pas de stupéfiants à des fins médicales. Dans les pays où on y a le plus recours (Afrique du sud, Algérie, Maroc, Maurice, Namibie, Sénégal, Zambie et Zimbabwe) la consommation par habitant ne représente que 2% de celle des Etats-unis et 7% de celle enregistrée en Europe occidentale.
De nouveaux produits à base d’opium, disponibles depuis quelques années, sont consommés presque exclusivement dans les pays industrialisés en raison de leur prix élevé. Les Etats-unis consomment à eux seuls 54% de la production mondiale de fentanyl et 88% de celle d’oxycodone. Le lien entre la pauvreté d’un pays, celle de son système de santé et l’usage des médicaments anti-douleurs est clair. Les pays d’Europe orientale en consomment 30% de moins que les pays d’Europe occidentale.
Or, la production mondiale actuelle est largement suffisante pour répondre aux besoins croissants de la demande mondiale. Selon les projections de l’OMS, 15 millions de nouveaux cas de cancer se déclareront d’ici 2015 dont les deux tiers dans les pays en développement. Pour ces malades des analgésiques à base d’opiacés à faibles coûts existent. L’OICS invite les pays producteurs et l’industrie pharmaceutique à les rendre encore plus abordables pour les pays dont les ressources financières sont limitées.
par Francine Quentin