Voila un petit compte rendu de ce week-end difficile...
De retour du magnifique circuit de Montmelo, enceinte magique qui accueillait les 24h de Barcelone ! Des émotions et encore des émotions, voila comment on peut décrire ce week end !
Mercredi matin rendez vous nous est donné pour recuperer du materiel puis depart direction Montmelo.
Arrivé sur le circuit nous nous mettons en place, tout le team met la main a la pâte et le soir nous sommes bien installé.
Le jeudi nous faisons quelques essais libres puisque je n’ai jamais roulé sur la moto et je n’ai roulé qu’une fois sur ce circuit, j’ai donc besoin de reperes. Mes co-équipiers se débrouille très bien mais j’ai pour ma part du mal a me mettre dans le rythme. Toutefois la session est positive car la moto fonctionne bien, le chassis est très sain. Il nous faudra l’ajuster un peu pour qu’il convienne a chaque pilote mais en fin de journée on tient les bons reglages. Les mecanos bosserons tard pour preparer la moto pour les contrôles techniques du lendemain.
Le vendredi matin nous les passons donc sans soucis grace a l’équipe de mecanos qui est rodé.
L’après midi débutent les qualifs. Il est important de bien se qualifier mais également de ne pas prendre de risques, la course n’est que le samedi et il nous faut emmener la moto jusqu’au bout ! Mes co-équipiers roulent vraiment très fort, je serais pour ma part a 3s du chrono que j esperais. Bref je ne me prends pas la tête, j’aurais le temps de rouler pendant la course.
Vendredi soir essais de nuit, on fait chacun quelques tours histoire de valider l’eclairage et de situer la cabine de panneautage. On a d’ailleurs quelques soucis pour voir le panneau qui est un peu petit, mais l’equipe l’a modifié et ce sera mieux par la suite.
On peut ensuite manger un morceau et aller se coucher pour etre en forme demain. Moi je fais quelques conneries pour les photos
Samedi matin rien de prévu, nous ne ferons pas le warm up, donc on prend le temps de se poser, preparer son materiel, s’hydrater… puis a 12h la pit-lane ouvre aux spectateurs. Moment tres attendu de tout le monde et je suis content de voir des amis, ca fait vraiment du bien de discuter, rigoler et de revoir des têtes connues.
Viens l’heure où la pit lane se referme et on commence a se mettre en condition. Je prend le 4ème relais donc pour ma part j’ai encore le temps.
Fred prendra le depart, il est rapide et a l’experience.
Il prend un bon depart mais au bout de 2 tours il est bousculé dans un virage et doit tirer dans le bac a gravier. Plus de peur que de mal, il rentre au stand et repart rapidement apres que les mécanos et réparer legerement la moto. Quelques tours de perdus sur nos concurrents mais il reste 23h de course !
Les relais s’enchainent, mes coéquipiers enchainent les tours rapides puis c’est a moi. Je n’ai pas de stress particulier par rapport a la course en elle-même, je sais comment ça se passe, mais plus sur mon pilotage qui ne m’a pas permis de bien rouler. Je pars mais même si je roule régulier je me crispe et me positionne mal sur la moto, allez savoir pourquoi, j'ai du mal a m'habituer a la conduite de la 600. Du coup je me fait tres mal a l’adducteur droit et je dois rentrer quelques tours avant ce qui était prévu… Je suis forcément très déçu mais les encouragements de toute l’équipe me font du bien. Je pars manger un morceau, la course continue et tout se passe a merveille, on remonte sur nos concurrents et grapillons des places.
(belle série de photos, merci a Claude, Aklar photos)
La nuit fait son arrivée et mon tour arrive. Grace au kiné qui a grave assuré j’ai beaucoup moins mal a l’adducteur et modifie ma position sur la moto mais je suis toujours crispé bordel, ça me gonfle !!! Je rentre et je n’ai pas fait gagné de place au team, je suis énervé contre moi.
Sur ce , 2 très bons amis, mon cher Patoch et mon p’tit Bretzel me donnent confiance, on discute beaucoup et grace a leur conseil je me sens mieux. Je pars m'isoler, dormir pendant une bonne heure histoire de me remettre les idées en place…. Mon relais arrivant on rediscute encore avec Patoch et je pars déterminé. Ca y est je suis enfin moins crispé, je roule dans mes chronos de qualifs et je fais même un tour plus rapide d’une seconde !! j’ai le sourire sous le casque et je le sais, si je prend du plaisir je vais enfin pouvoir rouler vite ! Je rentre au stand et tout le team est ravi et m’applaudit, ça fait chaud au cœur...
La course continue, la fatigue arrive un petit peu mais nous sommes dans le coup, tout se passe bien. Je pars vers 5h30, je sais que c est un relais important car le jour se lève…. Je ne prends pas le bon rythme de suite mais descend le chrono a chaque tour pour arriver encore dans mon chrono de qualifs. Je me sens bien, pas fatigué, le jour est là, c'est toujours aussi magnifique, peu a peu la piste devient visible, on reprend certains reperes.
Nous sommes a ce moment là 4ème, je sais que nous allons reprendre la 3ème place avec le prochain relais de Fred.
Je suis dans la ligne droite juste avant le virage du catalunya, au moment de prendre la corde un 1000 s’interpose, je suis obligé de relever la moto pour ne pas le toucher ce qui m écarte de la bonne trajectoire. Pas grave je couche un peu plus la moto pour revenir et a ce moment là je perds l’avant, incompréhensible!!!! Je n’allais pas très vite, je fais quelques tours sur moi-même, j’arrive a garder les bras collés a mes épaules. J'ai horreur de ce bruit, le carénage, le métal qui frotte et glisse sur le sol grrrrrr!! Le tourbillon s’arrète. Je cours vers la moto qui est couchée dans les graviers, le moteur est coupé, le capteur de chute a fonctionné.
J’essai de la relever mais j’ai du mal, les commissaires arrive : « -tout va bien ? - oui oui ça va, la moto, la moto" je leur crie . On la releve, il me demande si je veux repartir avec, un rapide coup d’œil me fait entrevoir que le bocal de frein a sauté, le compteur également, elle ne redemarrera donc pas. "Vite vite je leur dit, quelle direction ??!!!" Il me mettent dans la voie de service et le calvaire commence, pousser la moto jusqu’au box.
Pas de bol, il y a d’abord une grosse descente d’une trentaine de metre, putain j’ai plus de frein !!!!! je retiens la moto comme un bourrin, je suis completement sur l’arriere, je vais la lacher mais j’arrive in extremis a passer une vitesse avec la main. Ouf elle s’arrete. Je finis la descente en jouant de l’embrayage pour la ralentir.
Puis arrivé sur le plat je pousse, je pousse, je pousse encore… en courant ! j’ai chaud, je me traite de tous les noms d’oiseaux possible est inimaginable. "putain mais tu es un c******, tu roules moins vite que tes potes et tu tombes, abruti".
J’ai chaud, j’ai du mal a respirer, j’ai les larmes prêt a couler. J’ai mal, je marche…il me faut respirer, je marche, je pleurs….il me faut courir merde, allez je me bouge le cul, me reste plus que 200m…100m…ca y est j’y suis, je rentre dans le box, un mecano attrape la moto, je tombe, on me rattrape, les infirmiers et un pompier me portent, je ne peux plus respirer. Ils m’enlevent le casque, je suis en sueur comme je n’ai jamais été. Il me faudra 10 bonnes minutes pour m’en remettre.
Je suis vidé physiquement mais surtout mentalement. Je regarde les mecanos s’affairer, ils sont formidables, très bien organisé. En 30 minutes la moto est prête a repartir. Fred monte dessus et repart. Je suis un peu soulagé, on va pouvoir continuer.
Je passe sur la table du kiné pour me détendre. Et puis j’entends « on arrete ». quoi ???!! qu’est ce qui se passe??!! Je saute de la table et repart dans le boxe. La moto est là, le moteur n’a surement pas supporté la chute, plus de puissance, ca devient dangereux, l’abandon est décidé. Le team manager, Pascal, signe le papier la mort dans l’âme. L’émotion me gagne, gagne aussi toute l’équipe, comme un raz de marée qui détruit tout, le rêve de finir la course s’envole dans ce putain de virage n°10….
C’est fini, on décide tous d’aller se jeter une bière sous notre barnum, l’esprit d’équipe est incroyable. J’arrive le dernier, la queue entre les jambes (et l’expression porte vraiment bien son nom) et je suis applaudit par toute le monde. J’ai détruit leur rêve et ils m’applaudissent. Je suis a ce moment là, l’homme le plus géné au monde, je me cache le visage, ils me font chialer ces cons…. On boit, on chiale, on sort quelques conneries, c’est ça l’endurance moto, quelque chose que je n’ai jamais retrouvé ailleurs et c’est ce qui me donne envie de continuer, d’etre meilleur !
Merci a tous ces passionnés qui ont répondu présent, il n’y a pas de mots assez fort pour leur décrire ma reconnaissance.
Prochain rendez vous pour le bol d’or ou je remonte sur un 1000cm3 cette fois ci.
désolé pour le petit pavé et les fautes d'orthographes