La course moto en général et en Vitesse en Moto Ancienne en particulier, c’est assez aléatoire sportivement. Un aspect beaucoup plus maîtrisable de la chose est de savoir avec qui on le fait. Et avec les bonnes personnes pour vous accompagner, vous passez un super week-end.
En 2017, tout avait été réuni : super co-équipier, excellents accompagnateurs et une deuxième place au bout. Sur la troisième marche du podium : un équipage père/fils. Mon aîné avait joué le rôle de team-manager et l’idée m’est venue de lui proposer qu’on dispute l’épreuve ensemble en 2018. Banco !
En février dernier, j’attaque la préparation. Ouverture du moteur cassé aux essais l’an dernier pour un problème de boîte. Au démontage, le vilebrequin (très vil sur ce coup-là, le brequin) vient en deux morceaux.
A moi le stock de pièces pour le remplacer par un entier.
Autre cause de soucis depuis l’avènement de la moto sur piste, les arbres à cames. Ils avaient été originellement retaillés par des sagouins qui avaient dû faire le travail à la disqueuse. Sur la photo ci-dessous, la cale ne mesure pas le même jeu à droite et à gauche de la came. On passera sur le reste de la forme des cames …
Fort sympathiquement, les établissements Techniprofil acceptent de reprendre le travail de leurs (cons de) confrères. Merci à eux.
Côté moteur, on ajoute des pistons 810 cm3 neufs, des soupapes neuves, des sièges rectifiés et diverses bricoles.
Pour la partie-cycle, on commence par de gros diabolos de béquille pour l’engager rapidement.
Un réservoir alu de 21 litres, contre 16 d’origine, revêtu d’une peau en polyester qui reprend la forme du résé d’origine.
A l’avant du nouveau réservoir, une petite batterie de 6 A-H qui vient renforcer sa copine déjà en place de 9 A-H. La moto est dépourvue d’alternateur et avec ce montage on tient en théorie 10 heures.
En 2017, on avait couru à deux motos (à « l’américaine ») avec le matériel de mon co-équipier. Pour 2018 avec une seule moto, je m’équipe d’un système de remplissage, modifié pour en accroître le débit.
On complète d’un panneau et de ses chiffres que je n’avais pas jusqu’alors.
Essais libres le vendredi et la douleur que j’avais à un bras n’a toujours pas disparu. Je me confie aux bons soins de Benjamin, mon comparse pilote de 2017. L’homme est kiné de métier. Et c’est un sacré manipulateur. Pas au sens homme politique du terme. Il trouve rapidement que je me suis légèrement déplacé l’épaule et ce, certainement en tapant la tôle pour réaliser le réservoir en alu (les dates correspondent). Il me remet en place avec toute la maîtrise qu’il a de son métier.
Entre temps, Pierre (mon fiiiiiils !!!!) est arrivé. Sa mère qui au passage est mon épouse prend une photo avant qu’on mette moto ou belles combinaisons neuves par terre …
Essais chronos du samedi. On finira 15ème au scratch sur 36. Ma Pomme en 1’13,9, Pierre en 1’14,2. « Léger » problème en séance2. Pierre rentre au bout de deux tours : « y’a un sale bruit ». Clong, clong ! Bielle coulée.
M…iel (ou M…ince). Changement de programme pour la soirée en perspective.
On reste toutefois dans le prévu pour commencer, entraînement aux ravitaillements avec toute l’équipe préposée qui est arrivée entre temps.
Tout à gauche, Joël, fils cadet de moi-même et béquilleur/pompier bénévole pour la course.
De dos, Bernard en charge du poste de pompiste et qui exercera juste après ses talents de mécanicien.
Tout à droite, Emilien, mécanicien aussi, team manager et coach sportif. Le bougre a un joli palmarès en Promos 1 000 et a été récent champion de France « European Bike ». Lui a roulé en 1’02 à Carole. Comme il est adorable, il tente patiemment de nous faire nous sortir les doigts du c…afé pour mettre du gaz plus tôt, plus fort, au bon moment, au bon endroit, etc …
Ensuite, on attaque le changement du moteur pour monter un 750 standard qui est prudemment en réserve.
Pendant ce temps, un autre personnage de notre équipe est à l’œuvre : Alexandra, ci-devant la plus que fiancée d’Emilien (ils ont une petite fille ensemble). Redoutable organisatrice devant l’Eternel, elle planche sur les conventions de panneautage, les stratégies d’arrêt, les calculs de consommation et autres. Valeur ajoutée, elle fait aussi la co-coach sportive mais plus sur la partie des doigts à sortir de là où ils ne devraient pas être.
Dimanche matin 7h00/7h30, encombrement dans les stands.
Derniers arrivés, derniers servis on se retrouve dans l’endroit délaissé : tout au bout avec le panneautage en partie masqué par des pneus.
8h30 pétantes, départ. C’est le senior qui s’y colle.
Avec notre 750 stock, on reçoit fort dans les ré-accélérations de Carole. Le virage en haut de la photo passe à 50/60 km/h. Les 1 100 choisies par tous les adversaires de notre sous-catégorie nous taillent des croupières. On se refait un peu la cerise dans le sinueux par rapport à certains, mais pas tous. On oscille à la 3/4ème place de notre classement des « Post-Classic » (motos jusqu’à 1983).
Premier arrêt. Je pense à descendre, Pierre pense à monter. Pas comme je l’avais fait lors d’une des répèt’ où j’étais scotché en bayant aux corneilles au lieu de monter sur la moto. Inutile de dire que je me suis légèrement fait chambrer …
Coach Emilien qui a l’expérience entre autres des 24H du Mans nous avait dit : « parlez-vous lors du relais ». Ok coach !
Départ à la poussette pour économiser la batterie. Temps total des opérations, environ une minute.
Hydratation post-relais. Notez ma queue de cheval (les cheveux, Mesdames !!!). Avec le vent de la course, ils forment de jolies volutes qui normalement émeuvent positivement toute femme normalement constituée. L’organisatrice de l’épreuve ne le voit pas comme ça et demande un peu plus de tenue. On négocie pour que la queue de cheval devienne tresse, comme si on avait le temps d’un brushing. Faute de chouchou, on attache l’extrémité de la natte avec un bout de scotch américain.
Quelques photos d’action de Pierre qui contrairement à son daron a adopté un style moderne.
Là, il va se prendre un tour par Roger Ruiz. Pilote du genre « ronce inoxydable » (72 ans aux prunes). Outre qu’il « envoie encore grôve », il nous avait réparé le derrick pendant qu’on finissait le changement de moteur. Une perle !
« T3 » pour Pierre qui rendre au tour suivant. « Tiens donc, tu ne lui as pas expliqué Alexandra ? »
En fait, une p…éripatéticienne (ou « Maman travaille ») de Durit d’essence s’est barrée et ça coule fort. Sur le moteur bien chaud entre autres. C’était un coup à finir en chaleur et lumière après avoir fait la torche roulante. Emil’ rebranche et assure avec un fil d’inox. Une minute perdue.
Ca repart
Pierre raconte à Aurélien, opérateur de panneautage, comment il a failli s’y mettre avec l’essence sur le pneu arrière. Son talent naturel et congénital a fait la différence pour éviter la boîte (= taule, gamelle, pelle, gaufre, etc.).
Il se confie ensuite aux mains de Christine, épouse de Bernard qui après ses talents de coiffeuse pour satisfaire la patronne du VMA exerce ceux de kiné.
Au bout de 20 minutes de mon deuxième relais, j’arrive à Golf. Freinage, 4-3-2, j’entends Emil répéter « lâche les freins », accélération et … rien !
Poussette, retour au stand, l’écrou de sortie de boîte a joué les filles de l’air (un peu comme mes cheveux) et le pignon est sorti de l’arbre. Sur la photo, il a été remis.
Emil’ et Alex font le tour du paddock, reviennent avec un écrou. Remontation et ça repart. Dans les choux mais au bout. Quelle opiniâtreté communicante ces deux-là.
Damiers et mise en parc fermé. La dernière fois que j’ai fréquenté ce parc fermé de Carole en compagnie d’Emilien c’est parce qu’il avait fait un podium en Promos 1 000. Autres temps …
Pendant ce temps, le dernière et pas la moindre à présenter en photo a œuvré. Yolaine, avec laquelle nous avons commis Pierre et Joël a dressé la table. Merci aussi à elle qui a assuré l’intendance pour toute la troupe pendant trois jours. Comme disait Thierry Sabine : « le moral est au fond de la gamelle ».
On s’y retrouve tous pour le repas d’après-course. Il manquera une photo de Rosa l’auteure de tous ces clichés, ci-devant une de mes belle-filles et ci-derrière l’appareil-photo.
La gamelle du moral, c’est celle-là :
Le plat est du baeckeofe, met Alsacien traditionnel.
Dans l’assiette, ça donne ceci : bon appétit et encore merci à tous pour ce coup de main et cette ambiance.