Interventions sur un arbre de boîte

Ce qui suit n’a pas été fait sur des pièces de motos. S’il y a parmi vous des racistes invétérés, je les prie d’accepter mes excuses pour cet attentat à l’éthique du site.
Les autres se diront que les opérations présentées sont peut-être transposables à des éléments de moto.
Les pièces de ce sujet viennent d’une Citroën C3 de 1924. Elles ont donc pas loin d’un siècle, séquence émotion.
Au cours de cette longue vie, certaines ont subi des dommages. C’est le cas par exemple de cette rainure de clavette sur un arbre de boîte. L’intervention demandée consiste à la refaire sur le côté opposé.


Autres stigmates du temps, la liaison axiale entre deux arbres. L’alésage à gauche reçoit le bout de l’arbre de droite, par l’intermédiaire d’une bague bronze dont on voit la remplaçante brute au centre.
Tout ceci a battu et demande réfection.


Avant de commencer ces travaux avec des ajustages fins à quelques centièmes de mm près, il convient d’étalonner les instruments de mesure. Ces cales-étalons hyper précises donne le « la ».


L’arbre à refaire est monté « entre pointes » sur le tour. On ne voit pas la pointe à l’intérieur du mandrin, mais elle est bien présente. Ce montage garantit la concentricité maximale entre les différents diamètres. Le constructeur, qui connaît son boulot, a prévu des points de centre qu’il a lui-même utilisés lors de la fabrication originelle.


Détail de la partie malade qui va être reprise au strict minimum nécessaire pour se refaire une beauté.


Mesure de la cote exacte de la partie ré-usinée.


Exécution de la première partie du diamètre extérieur de la bague bronze qui va venir à l’intérieur du pignon en bout d’arbre (à gauche sur la troisième photo). Le diamètre va être exécuté 2 à 3 centièmes de mm plus gros que le logement de façon à rentrer légèrement en force et sur tout à rester en place.


Retournement pour exécuter la fin du Ø extérieur. La reprise est faite en mors doux et la concentricité contrôlée et réglée « à zéro » grâce au comparateur.


Alésage de la bague, de façon à donner un jeu de 3 à 4/100èmes avec l’extrémité d’arbre refaite précédemment.


Contrôle de la cote de l’alésage.


Mise en place de la bague dans son logement.


La bague en place avec les 3 mm de dépassement inscrits sur le crabot et voulus par le commanditaire.


Mise en place pour contrôle.


Exécution de la rainure de clavette qui curieusement est parallèle à l’axe de l’arbre et non à la pente du cône. Tant mieux car la réalisation est plus facile. Ceci explique certainement cela.


Clavette en place, travail terminé.

Excellent boulot. Un plaisir à lire et voir.

Toujours un plaisir de voir une pièce revivre grâce a tes mains en or !

Je me demande si les jeunes qui rentrent dans le monde du travail sauront faire la même chose dans 20ans... réparer !

Aujourd'hui on échange, on remplace mais on ne répare quasiment plus...
Et on vient nous parler d'écologie la dedans...

Vaste sujet...

Mais, j'espère bien pouvoir encore faire ça dans 20 ans. Rires !
Ta question est intéressante et je n'ai pas trop la réponse. Cependant, un copain qui bosse dans la mécanique de haut niveau (aviation, nucléaire) m'a dit que dans les ateliers il y avait toujours des machines-outils conventionnelles (= pas à commande numérique) pour faire rapidement des pièces unitaires. J'ose espérer qu'il y a des jeunes qui sont formés pour s'en servir.
Quelqu'un a quitté une formation à la mécanique récemment ici ? Pour nous éclairer un peu.

La ou  je bosse , il y a un atelier d'usinage également équipé de machines-outils conventionnels.

Et ceux que tu vois travailler dessus, ils sont de ta génération ou de la mienne ?

je reste toujours aussi subjugué par ces posts.
c est clair que chaque fois que je fais appel à ce genre de génies, la plupart sont des sorciers qui ont passé la quarantaine , notamment sur des machines outils conventionnelles

J'adore ces boulots d'usinage...bravo...tout parait possible...

Super taf, bravo Jérôme !

j'ai découvert il y a qqs mois une boite qui fait de l'usinage à 500m de ma boite (ça fait juste 6 ans que je bosse ici...), j'ai eu le plaisir de visiter, et eux aussi ils gardent qqs tours et fraiseuses conventionnelles, et quasi que des jeunes dans l'atelier, c'est eux qui les font tourner.

MacPepR, tu n'es pas le dernier des mohicans !!

Bah oui, ça me paraissait logique qu'il y ait des jeunes qui sachent travailler sur des machines conventionnelles. Par principe, ce ne sont quand-même pas les anciens qui constituent l'avenir de la société.
Je me demandais où et comment sont formés les générations montantes. Par exemple, j'ai découvert qu'il n'existe plus de CAP de fraiseur.

ha merde !! moi qui ai dit à mon neveu qui est au collège , passionné de moteurs et qui veut être mécano que ce serait cool qu'il fasse ça ... je lui ai montré ton travail , il a fait et  bref l'ado modèle , les bras ballants et les yeux à demi fermés ... j'étais désespéré ...
et puis l'autre jour il m'a dit avoir fait un stage dans un garage dans un aéro-club , cool ça quand t'as 14 ans , il était ravi .
pourvu qu'il se bouge le derche

Si je puis me permettre, conseille à ton neveu de plutôt faire de la mécanique générale pour sa formation initiale. En l'occurrence, tout ce qui est usinage, conception, connaissance des métaux, maths, physique, etc. Après, les moteurs ou les châssis/partie-cycle des véhicules, ce ne sont que des cas particuliers qu'il comprendra très vite avec une bonne formation de base.

oui tu as sans doute raison